Édito des bulletins L'Étincelle du 24 octobre 2011
On décomptait 120 000 et 200 000 manifestants à Athènes, mercredi et jeudi dernier, au cours d’une grève générale de 48 heures contre les plans d’austérité votés par le parlement grec. Cela fait deux ans que les manifestations se succèdent contre les baisses de salaire, la liquidation des entreprises publiques et l’ensemble des mesures anti-ouvrières décidées par le premier ministre socialiste grec Papandréou. Sous les injonctions de Sarkozy, Merkel et de la finance européenne, Papandréou vient de faire voter par le parlement une mise au chômage technique pour six mois de fonctionnaires qui ne seraient payés qu’à 60% de leurs salaires, déjà amputés de 25% en moyenne. Dans le privé, le gel des conventions collectives conduirait aussi à baisser de nouveau les salaires et les retraites.
Des centaines de milliers de Grecs ont défilé dans tout le pays pour refuser ce « sauvetage » qui voudrait les faire mourir guéris ! Au sens propre du terme, puisqu’une récente étude, parue dans un journal médical anglais, révèle une augmentation des cas de suicides, d’homicides et d’infections médicales. Mais la potion mortelle (préconisée par les gouvernements français et allemand) ne s’applique pas à tout le monde. Les biens de l’Eglise sont épargnés, pas question de toucher au budget de l’armée (le plus important de l’Union européenne proportionnellement au PIB !), ni aux richissimes armateurs.
Le bâton et les biftons
La seule préoccupation de tous ces « sommets européens » qui se succèdent, est de sauver la mise aux banques. La dernière solution préconisée consisterait, nous dit-on, à « annuler une partie de la dette grecque ». Drôle d’annulation qui commence par faire payer au prix fort le peuple grec. Une belle escroquerie en fait. Car ce qu’ils appellent « annulation partielle de la dette », c’est en réalité une simple mise en faillite qui permet aux créanciers de se payer sur la bête, c’est-à-dire sur la population grecque et ses biens publics. Sans compter que cette prétendue « annulation » passe sous silence les intérêts qui continueront eux, à être payés, vraisemblablement sur une période prolongée. Les banques françaises ou allemandes perdraient-elles au change ? Pas du tout. On leur propose d’accepter ce plan en échange d’une « recapitalisation » par leurs Etats respectifs. En clair on leur apporte de l’argent public. Pour la population le bâton, pour les banques les biftons !
Ce qui ne saurait tarder ici
L’Europe de la finance et des riches vient d’intimer l’ordre au gouvernement grec de déclencher une véritable guerre sociale contre son peuple. Au point que le ministre des finances de la Grèce s’est vanté auprès des députés de livrer « la bataille de toutes les batailles » ! Ce à quoi les manifestants ont riposté en appelant à « la mère de toutes les grèves », en se retrouvant à 200 000 dans les rues d’Athènes le lendemain.
Le traitement réservé aujourd’hui au peuple grec n’est sans doute qu’un avant-goût de ce qui nous attend ici (comme c’est déjà le cas dans bon nombre de pays européens) avec la crise du capitalisme. En dépit de leur bisbilles et rivalités, soyons sûrs que les différents gouvernements européens, à commencer par ceux de la France et de l’Allemagne, s’entendront comme larrons pour nous faire payer la crise de leur système.
Pour l’heure, en Europe, sans oublier le cri de révolte des indignés espagnols qui s’est répandu dans d’autres pays, la première riposte populaire est la lutte des travailleurs grecs qui proclamaient à nouveau ce mercredi et jeudi qu’ils ne paieraient pas les banquiers qui ont spéculé sur leur dos. Une lutte qui ne devra pas rester isolée et sur laquelle nous devrions très vite être amenés à prendre exemple. Quand les ministres, chefs d’Etat ou banquiers annoncent « la bataille de toutes les batailles », c’est leur guerre de classe qu’ils nous déclarent. Aux travailleurs d’Europe de s’unir dans une même lutte, pour gagner cette guerre contre les riches et les puissants.