Édito des bulletins L'Étincelle du 24 mai 2010
Pendant le week-end de Pentecôte, les petites phrases concernant les retraites des ministres de l’industrie et de celui du travail se sont succédé. Le gouvernement avait déjà confirmé il y a dix jours que sa priorité était l’allongement de la durée d’activité. On nous enfume pour accréditer l’idée que c’est inéluctable. Si une telle mesure voyait le jour, cela ne pourrait que se traduire par une baisse considérable du montant des retraites pour la grande majorité. Car les patrons continueront à se débarrasser des vieux, et les jeunes au chômage continueront à tenir les murs dans les cités.
Pour donner le change côté Sarkozy et Fillon, il serait question d’instaurer une petite taxe sur les hauts revenus, exclue du bouclier fiscal. Mais surtout pas de supprimer ce bouclier lui-même, et encore moins toutes les niches fiscales et tous les dégrèvements de cotisations patronales.
On renfloue les banques, on floue les travailleurs !
Pour le régime des retraites, pas question de plan de sauvegarde, ni de débourser le moindre centime.
Dans le Parisien de dimanche dernier Martine Aubry affirme que si le gouvernement repoussait l’âge légal de départ à la retraite, le PS le rétablirait à 60 ans (sans en préciser les conditions), en cas de victoire à la présidentielle de 2012. On peut sérieusement douter de sa volonté de rendre justice aux travailleurs vu ses propositions du 18 mai. Celles-ci entérinent les précédentes réformes des retraites, notamment la loi Fillon de 2003 allongeant les durées de cotisations du public et portant à 41,5 d’ici 2020 le nombre d’annuités nécessaires, pourtant le PS envisageait de l’abroger avant les élections présidentielle de 2007... Quant à ses « camarades » de parti, Strauss-Kahn, directeur de ce FMI qui impose les plans d’austérité partout dans le monde et en particulier à la Grèce, ou François Hollande, eux sont clairement en accord avec Sarkozy et Fillon pour demander de travailler plus longtemps.
Les socialistes au gouvernement, comme on le voit en Grèce, ne protègent en rien les travailleurs des mauvais coups, mais les portent eux-mêmes !
Jeudi dernier les travailleurs grecs ont participé à leur quatrième jour de grève générale depuis février, pour protester contre les attaques dont ils sont victimes. Le premier versement d’une tranche de 20 milliards d’euros du prêt de 110 milliards pour la Grèce a immédiatement servi à rembourser une partie de la dette contractée auprès des marchés. Preuve s’il en fallait que tous ces plans d’aide iraient directement dans les poches des banquiers et spéculateurs.
Malgré les sommes astronomiques débloquées dans un laps de temps record, personne ne jurerait que cela suffira à calmer l’appétit des banquiers et financiers. Après une brève envolée des cours de la bourse à l’annonce du second plan, c’est l’euro qui pique du nez. Les plans d’austérité contre les travailleurs et la population pauvre se précisent dans toute l’Europe. Ils vont de pair avec cette orgie de milliards destinée aux banques. Pour garantir les profits de celles-ci, les États prendront dans la poche des classes populaires.
Après la Grèce, l’Espagne, le Portugal, ou l’Italie, c’est le gouvernement anglais fraîchement élu qui devrait annoncer un plan d’austérité de 8,7 milliards d’euros. Partout des recettes similaires à ce que nous préparent Fillon et ses comparses en France.
Au programme, la diminution de 10 % des frais de fonctionnement par la poursuite du non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique. Le gouvernement s’en prend également aux chômeurs et aux bas salaires : la prime de rentrée exceptionnelle pour les plus bas revenus et la prime de « solidarité active » versée en attendant le RSA seront supprimées. Les allocations, Logement (APL) ou Adulte handicapé (AAH) sont aussi dans sa ligne de mire.
Une nouvelle journée de grève est fixée jeudi prochain 27 mai à l’appel de confédérations syndicales. Cette journée ne sera pas suffisante, c’est une évidence. Mais dans ce contexte de crise que les gouvernements européens cherchent tous à faire payer aux salariés, il faut une réponse du monde du travail et cette journée est une première étape… à condition de ne pas en rester là.