Le 29 mars, à Tunis, François Hollande défilait en compagnie d’autres chefs d’État et de gouvernement. À deux pas, des milliers de personnes manifestaient leur indignation après l’attentat du musée du Bardo. Hollande espérait ainsi rééditer la marche du 11 janvier à Paris, où des dirigeants du monde entier s’étaient associés aux manifestations qui ont suivi les tueries de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher.
Et pourtant... quand le roi d’Arabie saoudite est mort en janvier dernier, ils étaient tout aussi nombreux à venir lui rendre hommage, dont Hollande. Mais aucun n’a rappelé que la dictature saoudienne n’a rien à envier à l’État islamique : le blasphème et l’homosexualité y sont punis de mort, l’adultère est puni de lapidation ou de cent coups de fouet. Les dignitaires religieux saoudiens sont une source d’inspiration assumée par de nombreux « djihadistes » en Irak et ailleurs.
Loin de condamner ce régime, les dirigeants des pays riches font des affaires avec lui. L’Arabie saoudite est le premier exportateur mondial de pétrole, mais aussi le premier importateur d’équipements militaires. Ce n’est pas qu’une question d’argent : les grandes puissances comme la France et les États-Unis arment le régime saoudien pour mieux lui permettre de maintenir l’ordre au Moyen-Orient. C’est ainsi que l’armée saoudienne a écrasé la révolte des travailleurs et des jeunes au Bahreïn, en 2011. Aujourd’hui, l’Arabie saoudite mène sa guerre au Yémen.
Dans la région, les pays riches peuvent compter sur bien d’autres régimes, comme l’État d’Israël qui tient le peuple palestinien sous la botte de son armée, ou l’État égyptien, auquel la France vend ses Rafale, et qui tente d’étouffer les braises encore chaudes de la révolution de 2011.
De tels régimes, tout comme Hollande, Obama et consorts, méritent tout autant le nom de « terroristes » que les fanatiques qui ont récemment perpétré des massacres en Tunisie, au Nigeria ou au Kenya.
C’est cela, l’impérialisme. Un monde où les multinationales des pays riches s’appuient sur leurs gouvernements pour mener à bien l’exploitation des travailleurs et le pillage des ressources dans le monde entier. Et ces gouvernements, pour empêcher que les peuples ne se révoltent, n’hésitent pas à armer des tyrans ou des apprentis dictateurs, créant ainsi le terreau où naissent les pires barbaries. Face à ce chaos, l’humanité n’a pas d’autre choix que d’en finir avec le capitalisme.