Édito des bulletins L'Étincelle du 12 juillet 2010
Habituellement, la grande bourgeoisie lave son linge sale en famille. Une fois n’est pas coutume, l’affaire Woerth donne un aperçu du train de vie de ces privilégiés. Une ancienne comptable a défrayé la chronique en affirmant que Liliane Bettencourt avait financé illégalement la campagne de Sarkozy. L’occasion d’apprendre que son travail consistait à retirer deux fois par mois 50 000 euros en liquide : « de l’argent de poche », explique l’avocat de la milliardaire, pour payer « des médecins, des coiffeurs, du petit personnel ».
Il ne serait pas étonnant qu’une partie de cette menue monnaie ait servi à faciliter les relations avec tel ou tel homme politique. Mais l’essentiel n’est même pas là. Le plus choquant dans cette affaire, c’est ce qui est parfaitement légal. Le patrimoine de Mme Bettencourt, troisième fortune de France, s’élève à 17 milliards d’euros (auxquels il faut ajouter une île aux Seychelles et un compte en Suisse qu’elle dissimulait au fisc) et ses revenus à 200 millions par an. Elle s’est vantée dans toute la presse de payer 40 millions d’impôts par an. A peine 20 % de ses revenus et seulement 0,24 % de son patrimoine connu !
Voilà le véritable montant de la « fiscalité écrasante » que la droite dénonce en permanence ! Ce n’est pas tout. Depuis 2006, les grandes fortunes sont protégées par le bouclier fiscal : leurs impôts ne peuvent plus dépasser 50 % des revenus. Miracle de « l’optimisation fiscale », Bettencourt en a bénéficié : elle a reçu 30 millions de l’Etat, rien que pour l’année 2008 !
Assistance aux riches, racket sur les pauvres
Subventions, exonérations, niches, bouclier fiscal pour une minorité de privilégiés. Mais une mince couverture sociale pour de nombreuses familles ouvrières. Dans quel budget tailler, puisqu’il faudrait, paraît-il, commencer une nouvelle cure d’austérité ? Le gouvernement a tranché cette semaine en précisant ses mesures contre le naufrage des comptes de l’Etat : ce sont plus pauvres et les plus précaires qui paieront.
Au menu de ce drôle de sauve-qui-peut : des économies sur l’aide aux handicapés, sur les aides au logement des étudiants, sur les emplois aidés dans les associations pour les chômeurs de longue durée. Dans la ligne de mire : les aides à l’accession à la propriété, la construction de logements sociaux et la prime pour l’emploi !
Le mot d’ordre de Sarkozy : Sus aux emplois, aux retraites, aux salaires !
Ces mesures s’ajoutent aux précédentes : 31 000 postes de fonctionnaires seront supprimés cette année, dont 16 000 dans l’éducation. Un exemple que les patrons s’empressent de suivre en multipliant les plans de licenciements, comme à Continental Toulouse ou à Téléperformance. De même, le gel annoncé des salaires des fonctionnaires se propagera à tout le secteur privé : c’est une façon pour l’Etat de donner carte blanche aux patrons pour ne rien lâcher. Cerise sur le gâteau, la réforme des retraites prévue pour la rentrée dégradera considérablement les pensions de tous les salariés, sans épargner ni ceux qui ont commencé à travailler à 14 ans ni les mères de trois enfants…
En pleine crise, le gouvernement n’a qu’un seul objectif : servir toujours mieux les plus riches, quitte à aggraver dramatiquement les inégalités. Cette politique est menée en France par la droite, mais en Grèce et en Espagne par des partis socialistes. Dans ces conditions, la colère monte et leur système inspire le dégoût !
De la colère à la révolution
Le capitalisme plonge le monde entier dans la crise, mais la bourgeoisie maintient ses profits grâce à des Etats prétendument démocratiques qui font les poches des travailleurs et des pauvres. Oui, la colère est légitime et devra bien s’exprimer de façon plus explosive que les rituelles journées d’action auxquelles les confédérations nous appellent prudemment. Arrivera un moment où des défilés massifs dans les rues déboucheront sur une grève générale, laquelle annoncera une véritable révolution sociale. Une révolution permettant d’en finir avec ce système pourri jusqu’à la moelle.